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Photo du rédacteurRobert Dutil

Arnold Schwarzenegger, gouverneur sur "rappel"

Dernière mise à jour : 4 août 2022

Le « rappel » raté du gouverneur de Californie en septembre 2021.



Arnold Schwarzenegger, Autrichien d’origine naturalisé Américain, ex-champion du monde de culturisme et célèbre vedette de cinéma, est devenu gouverneur républicain de Californie en 2003 à la suite du rappel de son prédécesseur, le démocrate Gray Davis.


Le « rappel » est un moyen de démettre un élu de ses fonctions avant l’expiration de son mandat. Ce système existe aux États-Unis depuis 1911. Toutefois, seulement 19 États ont adopté une législation en ce sens et elle n’a été utilisée contre un gouverneur d’État que trois fois dans leur histoire, la dernière étant celle de 2003 mentionnée ci-haut. La quatrième vient d’avoir lieu, pour une seconde fois en Californie, le 13 septembre 2021.


En voici brièvement le fonctionnement : lorsqu’un certain nombre de citoyens le requiert selon la méthode prescrite, un referendum est organisé. On y demande si l’élu en question doit être démis de ses fonctions et, le cas échéant, par qui il doit être remplacé pour le reste de son mandat qui, dans ce cas, se termine le 2 janvier 2023. En Californie, il faut seulement 12 % des électeurs qui le réclame, soit à peu près 1,5 million d’entre eux.


Dans le cas présent, ce rappel a été suscité à la suite de la parution de photos de lobbyistes sans masque en compagnie du gouverneur Gavin Newsom. Bien que critiqué pour sa gestion de la pandémie, en particulier par les problèmes liés au déploiement de la vaccination, il est pourtant un partisan de l’application des mesures sanitaires.


Ses opposants ont tout de même réussi à recueillir le nombre de signatures requises pour un rappel. En cas de défaite, il serait le 3e gouverneur des E.-U. à être démis de ses fonctions par cette méthode et, comme mentionné ci-haut, le 2e en Californie.


Cette fois-ci, cependant, les sondages donnaient clairement le gouverneur gagnant par une forte marge. Rappelons que le seul critère pris en compte au cours d’un « rappel » est simplement le nombre de votes total, contrairement au vote lors d’une présidentielle américaine où c’est le nombre de Grands Électeurs qui est décisif, entraînant une complexité qui peut porter à confusion.


Pourtant, avant même la sortie des résultats, l’ex-président Trump et ses partisans ont prétendu que ce vote était frauduleux en utilisant les mêmes arguments que lors de la campagne présidentielle de 2020 : le vote par la poste ne devrait pas exister et les démocrates se seraient adonnés à une fraude massive pour l’emporter.


Toutefois, ce faisant, ces opposants ont commis une grave erreur. Il ne fait aucun doute que les républicains connaissaient ces sondages. Il est à peu près sûr d’ailleurs qu’ils avaient effectué eux-mêmes les leurs. Les techniques pour ce faire sont simples et bien connues de toutes les organisations politiques sérieuses. Et, si un sondage peut bien sûr être faux parce qu’il est mal fait, il est impossible de prétendre sans se ridiculiser que les sondages que l'on effectue soi-même sont manipulés frauduleusement.


S’attaquer aux résultats avant même de les connaître officiellement démontre donc que ces opposants connaissaient l’opinion des électeurs avant le dépouillement, et savaient qu’ils allaient perdre sans que ne puisse être invoquée de façon crédible la moindre fraude.


C’est pourtant ce qu’ils ont fait. Et ils se sont ridiculisés. Mais, comme on le sait, le ridicule ne tue pas. Ils ont estimé qu’un certain nombre de citoyens américains allaient prêter foi à ces accusations malgré tout ? Ils ont raison et c’est ce qui est dramatique. Car le vote des citoyens pour élire leurs dirigeants politiques s’est révélé un rempart efficace contre la violence civile. Abattre ce rempart peut entraîner des conséquences désastreuses.


Des élections libres ne garantissent pas que les résultats seront ceux souhaités par tous les électeurs; elles ne garantissent pas non plus que le meilleur sera élu; ni le plus respectueux; ni le plus intelligent; ni le mieux préparé; ni le plus efficace; ni le plus affable; ni même le plus honnête.


Non. Tout ce que le vote des citoyens garantit dans une constitution démocratique bien établie, c’est que celui qui a obtenu le plus votes occupera la fonction pour laquelle il a été élu sans intervention violente des opposants. Il détiendra des pouvoirs souvent importants, mais toujours limités par la constitution à l’intérieur d’un cadre clair et pour une période limitée qu’il ne peut pas modifier unilatéralement. Et il ne pourra pas non plus brimer les droits des opposants à le critiquer et éventuellement à lutter contre lui lors d’une prochaine lutte électorale.


Et, pour assurer l’application adéquate de ces résultats, un pouvoir judiciaire indépendant arbitrera, le cas échéant, les conflits possibles entre les diverses factions avec la force requise pour les faire appliquer. Tout ça sans violence. Il faut le répéter : sans violence.


On ne doit pas être naïf pour autant. Ce processus électoral n’est malheureusement pas parvenu à éliminer la violence civile. Le racisme, n’est pas disparu pour autant. Les crimes les plus graves continuent leur ravage. La pauvreté mine encore une portion importante des citoyens. Les préjugés alimentent toujours des haines irrationnelles. Bref, le nombre d’injustices de la société humaine semble incommensurable, inépuisable et désespérant.


Mais il est important que les citoyens prennent conscience que les résultats obtenus par ce processus électoral, aussi imparfaits soit-il, représentent un immense progrès par rapport aux systèmes antérieurs. Que pour les sociétés passées, ils semblaient utopiques. Et qu’aucun autre système à ce jour n’est parvenu à en obtenir de meilleurs.


Depuis plus de 200 ans, un pays, les États-Unis d’Amérique, ont vécu avec ce système politique qui a permis de choisir, entre autres, lors de 57 élections présidentielles, 46 présidents dont 24 étaient d’un parti politique différent de leur prédécesseur. Les passations des pouvoirs, délicates dans ce dernier cas de figure, se sont pourtant faites sans violence importante et sans dérive incontrôlable. D’autres pays ont adopté avec succès des modèles équivalents depuis lors.


Pour y arriver, il faut bien sûr tout d’abord pouvoir compter sur un processus électoral qui soit le plus équitable possible, ce qui n’est pas toujours facile. Mais en second lieu, il est important que les candidats et les organisateurs politiques cherchent, non pas à le détruire, mais à l’améliorer. Et les armes pour mener ce combat doivent être la salive et l’encre plutôt que la sueur et le sang.


À défaut d’obtenir ce « fair play » des acteurs politiques, le monde se dirigera inexorablement vers des luttes de pouvoirs violentes comme le monde en a connu et en connaît encore et toujours dans de très nombreux pays.


Les États-Unis d’Amérique, ne sont pas à l’abri des dérives autoritaires et de la violence congénitale qu’elles génèrent. La liberté et la démocratie demeurent encore le résultat des efforts constants des citoyens pour les maintenir. Sans quoi elles disparaîtront dans le feu et la douleur comme tant de civilisations disparues depuis les débuts de l’histoire de l’humanité.


Le refus de l’ex-président Trump et de ses supporters de reconnaître, dans ce cas-ci, que le gouverneur de Californie Gavin Newsom a largement emporté ce « rappel » par un processus électoral tout à fait adéquat contribue malheureusement à miner la confiance de la population dans le système électoral américain.


Prochaine lettre: L'UPAC

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