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Photo du rédacteurRobert Dutil

Guerre et paix: OTAN

Dernière mise à jour : 6 sept. 2022


Le président Eisenhower (1952-1960)



Les alliances militaires n’ont rien de nouveau. Mais l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) , issue de la Seconde Guerre mondiale et des institutions créées alors pour préserver la paix, innove cependant sur plusieurs aspects. Cette alliance fut créée sous le président Truman et dirigée initialement par Dwight Eisenhower, général en chef des alliés, vainqueurs de la guerre en Europe. Ce dernier fut élu président des États-Unis dès l'élection suivante en 1952 et réélu en 1956 pour quatre autres années.


L'OTAN existe maintenant depuis plus de 70 ans, et est en mesure de réunir des forces militaires si grandes qu’aucun ennemi ne peut s’y attaquer sans risquer une conflagration d’une ampleur jamais vue.


Deux ans après la mort de leur dictateur Staline en 1953, l’URSS a réagi à cette alliance qu’elle estimait hostile et dangereuse pour leur sécurité, en créant en 1955, sa propre alliance avec huit des pays satellites qui les avoisinent sous le nom de Pacte de Varsovie.


C’est ainsi que pendant 45 ans, les deux plus puissantes alliances militaires du monde se sont menacées de destruction mutuelle, sans toutefois ne jamais entrer directement en guerre l’un contre l’autre.



Et, bien que les tensions de la Guerre froide se soient beaucoup apaisées et que la quantité d’armes nucléaires ait diminué substantiellement grâce aux négociations entre ces deux grandes puissances, le concept qu’avait évoqué à son époque l’inventeur de la dynamite, Alfred Nobel, prit tout son horrible sens : nous vivons depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale sous le règne de « l’équilibre de la terreur ».

Le risque d’une destruction mutuelle totale demeure. Il pourrait entraîner la disparition de la vie sur terre si les humains n’agissent pas de façon plus rationnelle que par le passé.


Cela amène à nous poser la question suivante : quel rôle positif une alliance militaire comme l’OTAN peut-elle jouer sur cet échiquier mondial? Tout d’abord ce traité convenu entre douze États [1] en 1949 stipule, dès son préambule, le système politique auquel doivent adhérer les participants et l’objectif de défense collective qui les unit:

« Les États parties au présent Traité, réaffirmant leur foi dans les buts et les principes de la Charte des Nations Unies et leur désir de vivre en paix avec tous les peuples et tous les gouvernements, déterminés à sauvegarder la liberté de leurs peuples, leur héritage commun et leur civilisation, fondés sur les principes de la démocratie, des libertés individuelles et du règne du droit, soucieux de favoriser dans la région de l'Atlantique Nord le bien-être et la stabilité, résolus à unir leurs efforts pour leur défense collective et pour la préservation de la paix et de la sécurité. »

S’en suivent 14 articles dont voici les principaux : l’article 1 stipule que:

« Les parties s'engagent, ainsi qu'il est stipulé dans la Charte des Nations Unies, à régler par des moyens pacifiques tous différends internationaux dans lesquels elles pourraient être impliquées, de telle manière que la paix et la sécurité internationales, ainsi que la justice, ne soient pas mises en danger, et à s'abstenir dans leurs relations internationales de recourir à la menace ou à l'emploi de la force de toute manière incompatible avec les buts des Nations Unies. »

Les articles suivants affirment que « tous contribueront au développement de relations internationales pacifiques et amicales en renforçant leurs libres institutions, en assurant une meilleure compréhension des principes sur lesquels ces institutions sont fondées et en développant les conditions propres à assurer la stabilité et le bien-être. Elles s'efforceront d'éliminer toute opposition dans leurs politiques économiques internationales et encourageront la collaboration économique entre chacune d'entre elles ou entre toutes… Afin d'assurer de façon plus efficace la réalisation des buts du présent Traité, les parties, agissant individuellement et conjointement, d'une manière continue et effective, par le développement de leurs propres moyens et en se prêtant mutuellement assistance, maintiendront et accroîtront leur capacité individuelle et collective de résistance à une attaque armée. »


Puis on en arrive au fameux article 5 convenant d’une assistance mutuelle en cas d’agression. Le Sénat des États-Unis s'était opposé à une telle clause après la Première Guerre mondiale lors de la création de la Société des Nations en 1919, craignant qu'elle n'entraîne l'entrée involontaire de leur pays dans une guerre. Son acceptation en 1950 en faveur de l'OTAN, avec comme objectif d'éviter une nouvelle guerre, montre leur évolution sur cet aspect :

« Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi des forces armées, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord.
Toute attaque armée de cette nature et toute mesure prise en conséquence seront immédiatement portées à la connaissance du Conseil de Sécurité. Ces mesures prendront fin quand le Conseil de Sécurité aura pris les mesures nécessaires pour rétablir et maintenir la paix et la sécurité internationales. »

L’article 6 établit le territoire d'application de l'article 5. Et les suivants apportent des précisions sur la relation entre ce traité et la charte des Nations-Unies, dont en particulier la façon d’accéder au Traité pour d’autres états européens. Ultérieurement, ces nouvelles adhésions amenèrent le nombre de pays de l’OTAN de 12 à 30. [2]


Les adhésions des anciens satellites de l’Union soviétique à l'OTAN ne se sont toutefois pas faites sans grincements de dents. Le Pacte de Varsovie avait dû intervenir militairement en Hongrie en 1956 et en République tchèque en 1968 pour « ramener l’ordre », car des mouvements populaires avaient bousculé leurs autorités politiques en contestant l’absence de liberté. L’URSS parvint à garder temporairement le contrôle de ces pays. Mais l’effondrement de l’URSS elle-même en 1991 sonna en même temps le glas du Pacte de Varsovie, laissant l’OTAN seule, en position de force et en mesure d’intégrer de nouveaux pays membres issus de cette ancienne alliance rivale.


Ce changement complet de situation entraîna bien sûr graduellement une remise en cause de l'existence de l’OTAN elle-même. Quel pouvait être l’avenir de cette puissante alliance créée pour combattre l’idéologie communiste? La réponse à cette question ne fait pas consensus aujourd’hui, ni chez les politiciens, ni chez les penseurs.


Depuis lors cependant, dans les années 1990, l’OTAN est intervenue militairement (pour la première fois de son existence) dans la guerre civile qui a frappé l’ex-Yougoslavie; elle a de plus aidé les sinistrés dans quelques désastres climatiques (dont l’ouragan Katrina en 2005).


Mais pour revenir à la réflexion sur son avenir, d'une part, il y a ceux qui craignent la main mise et le contrôle des É.-U., et favorisent l’abolition pure et simple d’un organisme qui a perdu sa raison d’être avec la fin de la guerre froide.


De l’autre côté, il y a toutefois ceux qui privilégient non seulement de la maintenir, mais même de la faire croître en une alliance de tous les pays libres du monde, d’en faire la main armée de la démocratie, d’en faire le bouclier des populations contre tous les dictateurs du monde et de permettre à tous ces peuples de ne plus jamais retomber sous le joug d’autocrates antidémocratiques. Les tensions à propos de l'Ukraine illustrent bien cette situation aujourd'hui.

Car après tout, ne vaut-il pas mieux utiliser les institutions qui fonctionnent relativement bien, malgré leurs imperfections, leurs querelles internes, leur bureaucratie, que de tenter d’en créer de nouvelles qui pourraient très bien ne pas survivre à l’épreuve la plus difficile et cruelle de l’histoire, l’épreuve du temps? L'OTAN, elle, y a survécu.

[1] Belgique, Canada, Danemark, États-Unis, France, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni. [2] Six pays de plus ont adhéré à l’OTAN au cours de la Guerre froide (1946-1991) : Grèce et Turquie (1952), Allemagne (1955), Espagne (1982), République tchèque, Hongrie, Pologne (1999). Puis 11 autres après la fin de la Guerre froide: Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie (2004), Albanie, Croatie (2009), Monténégro (2017), Macédoine du Nord (2020). L’OTAN compte aujourd’hui 30 pays membres.


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