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La démographie

Dernière mise à jour : 26 sept. 2022


Taj Mahal, Inde



La croissance exponentielle de la population humaine sur terre pose le grave problème de l’insuffisance des ressources physiques nécessaires à sa survie à long terme, d’autant plus que la consommation par individu ne cesse de croître. Nous fonçons dans un mur.


Au cours de l’histoire, les peuples à forte croissance de population se sont lancés à la conquête de nouveaux territoires pour combler leur manque « d’espace vital », cause non pas unique, mais importante des guerres dans le monde.


Il fallut toutefois attendre au début de 19e siècle pour qu’en Angleterre, un dénommé Thomas Malthus, prêtre anglican, théorise sur ce sujet. Il écrivit dans son « Essai sur le principe de la population… » que la population augmentait de façon exponentielle, alors que la nourriture augmentait de façon arithmétique, annonçant ainsi la perpétuation des famines que connaissait périodiquement l'humanité. Il préconisa un contrôle actif des naissances et s’opposa à toute aide publique en faveur des pauvres, pour éviter que leur nombre n’augmente davantage.


Deux siècles plus tard, force est de constater qu’au contraire, la croissance de la richesse et l’amélioration de l’éducation entraînent, non pas une hausse, mais une diminution des naissances par femme.


Devant ce phénomène salutaire, le taux de croissance de la population mondiale a donc diminué depuis quelques décennies. Mais ce taux n’ayant diminué que graduellement, il dépasse encore largement le taux de renouvellement de la population.

Celui-ci est actuellement de 2,41 enfants par femme, alors que l’équilibre se trouve aujourd’hui à 2,1 [1], une différence en apparence faible, mais énorme dans le cadre de la surpopulation actuelle. Le nombre d'êtres humains continue ainsi de s’accroître inexorablement, malgré l’urgence d’y mettre un frein. Le paquebot démographique continue sa course, emporté par son élan, malgré les efforts de l’humanité pour en inverser le cours. Cette croissance diffère toutefois grandement d’un pays à l’autre.


L’une des décisions importantes de contrôle du taux de natalité dans le monde a été celle de la politique de l’enfant unique, imposée en Chine par son gouvernement communiste à partir de 1979, le pays le plus populeux de la planète.

Trente-sept ans plus tard, après avoir obtenu une chute marquée de natalité, la Chine a relâché cette règle en permettant la naissance de deux enfants par femme en 2016, puis de trois en 2021. Malgré cet ajustement, son taux de natalité, aujourd’hui de 1,6 enfant par femme, demeure bien en dessous du taux de renouvellement. La population de la Chine diminuera donc bientôt; ce serait déjà le cas sans l’augmentation importante de l'espérance de vie. Le nombre de naissances en Chine, en 2019, n’a été que de 14,7 millions.


Le Japon présente un autre cas intéressant. Ce petit territoire insulaire est passé de 56 millions à 127 millions d’habitants entre 1920 et 2005. Son taux de natalité s’est cependant effondré depuis. Aujourd’hui, avec un niveau oscillant autour de 1,4 enfant par femme, le plus bas du monde, et subissant cette baisse depuis plus longtemps que la Chine, le Japon connaît actuellement une baisse de sa population totale. Elle a perdu 300 000 habitants en 2016. On prévoit que cette baisse ira en s’accélérant et que la population totale du Japon décroîtra jusqu’à environ 85 millions d’habitants en 2050, ce qui représentera une diminution de 50 millions d’habitants au cours des 30 prochaines années. La même situation prévaudra éventuellement en Europe.


En revanche, le taux de natalité de l’Inde demeure très élevé à encore 2,7 enfants par femme. Ce pays verra en conséquence sa population totale dépasser celle de la Chine en 2025. Il y a eu 24 millions de naissances en Inde en 2020, alors que le nombre de naissances sur la même période n’a été que de 14,7 millions en Chine, tel que mentionné plus haut.


Globalement, le taux de natalité moyen dans le monde est passé de plus de 6 en 1960 à 4,7 en 1950, et à 2,41 dans le monde aujourd’hui. Cependant, face à l’effondrement de la mortalité infantile et l’augmentation de l’espérance de vie, la population est passée de 1,66 milliard d’habitants en 1900 à 2,53 milliards en 1950, et à 7 milliards en 2012. On prévoit qu’elle sera à 9 milliards en 2050 et 10,9 milliards en 2100.

Ceux qui s’étonnent de cette augmentation peuvent faire le calcul rapide suivant: un nombre de naissances moyen de 2,41 par femme correspond à 15 % de plus que le taux de renouvellement de la population. Un taux d’intérêt composé de 15 % double le capital de départ à chaque période de 4 ans. Dans le cas des naissances, cet effet est bien sûr atténué par le nombre de décès, mais la croissance demeure continuellement beaucoup plus rapide que cette érosion naturelle. C’est ce que l’on appelle une « croissance pyramidale ». Dans une pyramide, la base demeure constamment plus large que l’étage du dessus. Elle s’élargit donc constamment, et ce, à l’infini.


Mais l’infini ne peut pas s’accommoder d’un monde fini. La croissance pyramidale n’est pas un scénario durable.

C’est pourtant la croyance de nombre de gens. Ainsi, dans le monde des affaires, les entrepreneurs considèrent que la croissance de la population est une condition essentielle à la prospérité. C’est pourquoi les élites économiques ne souhaitent pas sa stagnation. La valeur boursière d’une entreprise est fondée sur deux statistiques importantes : le niveau de profit et sa croissance. Les investisseurs accordent un multiple d’environ sept fois les profits à la valeur d'une entreprise sans croissance; mais ils augmentent ce multiple jusqu’à plus de 30 fois si elle peut présenter de façon réaliste des prévisions d’un fort taux de croissance. L’augmentation de la population est un atout important pour obtenir ce taux souhaité par ceux qui, malheureusement, ne s’intéressent pas aux conséquences dramatiques de l’explosion démographique.


Cette croyance est d’ailleurs renforcée par la confiance qu’une importante partie de la population attribue aux innovations technologiques, estimant que celles-ci parviendront à corriger ces difficultés.

Les découvertes pour accroître la disponibilité de nourriture, tout en diminuant considérablement le besoin en eau potable pour y parvenir, sont très encourageantes. Cet espoir n’est donc pas dénué de sens tellement la science accomplit des progrès incroyables, mais on constate malheureusement que la situation se détériore actuellement plus vite que ces progrès; ils ne parviennent pas à régler toutes les situations de dérèglements qu’entraîne la surpopulation.


De plus, bien des pays se font eux-mêmes des partisans sans retenue de la croissance de leur population, de façon à ne pas être distancés démographiquement par les pays concurrents. Il ne serait pas étonnant que les tensions entre la Chine et l’Inde n’augmentent à ce propos. La Chine prônera le même comportement responsable qu’elle a exercé face au contrôle nécessaire de la croissance de sa population et plaidera que l’Inde devrait l’imiter. Et l’Inde prétendra qu’il s’agit là de ses affaires internes dont un autre pays n’a pas à se mêler.


Cependant, si cette situation perdure, un nombre croissant de ressortissants indiens souhaiteront émigrer dans des régions moins surpeuplées. Les pays susceptibles de les recevoir refuseront éventuellement de les accueillir, craignant de ne pas pouvoir les intégrer à leur langue ou leur culture, ou encore s’estimant eux-mêmes éventuellement trop populeux. Ces tensions pourraient tôt ou tard dégénérer en conflits violents.


La croissance de la population mondiale est actuellement surtout le fait de huit pays aux taux de fécondité très élevés: le Nigeria (206 M), le Pakistan (220 M), le Congo (89 M), l’Éthiopie (115 M), la Tanzanie (60 M), l’Indonésie (273 M), l’Égypte (102 M), et, bien sûr, l’Inde elle-même (1 380 M).


Globalement, le nombre de naissances au niveau mondial en 2020 s’est élevé à 139 millions et celui des décès à 59 millions, entraînant une croissance nette de 80 millions d’habitants pour cette année-là. Rappelons que les instances internationales estiment que le terre abritera 9 milliards d’habitants en 2050 et 10,9 milliards en 2100. Cela représente 3 milliards d’habitants de plus à nourrir, à loger, à vêtir, à soigner, à éduquer, à divertir pour une planète déjà trop populeuse.


Voilà pourquoi, en plus des conséquences très réelles des changements climatiques, notre planète subit entre autres les effets de la pénurie d’eau douce, de la pollution de l’air, de l’accumulation exponentielle des déchets, et de la rareté de certains éléments de la nature.

Tout cela devrait rendre dérisoires les autres différends qui nous occupent et nous amener à consacrer toutes nos énergies à la résolution de ces défis majeurs pour la survie de notre espèce.


[1] Ce taux devrait être exactement de 2, mais il faut tenir compte du niveau de mortalité avant l’âge de procréer, estimé aujourd’hui à 5 % ou 0,1. Ce taux était bien supérieur à cela dans le passé, d’où, malgré une fécondité plus élevée, une stagnation dans la croissance de la population totale avant l’époque moderne.


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1 Comment


André Morin
André Morin
Sep 19, 2022

Bravo Robert. J'ai pourtant lu que 75% de ce que la terre produit sert à nourrir les animaux sur terre. Si on changeait nos modes d'alimentation , afin de mieux utiliser la terre comme moyen de subsistance, serait-ce une solution à notre situation alimentaire?

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