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Solutions diplomatiques pour l’Ukraine

Dernière mise à jour : 6 sept. 2022



Vladimir Poutine, président de la Russie


Solutions diplomatiques pour l'Ukraine


L’Ukraine et la Russie sont à couteaux tirés. La Russie a massé plus de 130 000 soldats à sa frontière, ainsi que d’importants véhicules et d’autres armes de guerre, capables d’envahir ce pays rapidement.


L’Ukraine, bien que souhaitant devenir membre de l’OTAN pour sa protection future, n’en fait pas partie pour l’instant et l’étude devant mener à une éventuelle adhésion n’est pas avancée. La Russie s’y oppose fermement, considérant qu’une telle décision serait une grave menace à sa sécurité.


Au contraire, l’OTAN et le monde libre considèrent qu’il s’agit d’une demande qui n’appartient qu’au pays concernés. Elle rappelle que l’OTAN n’est qu’une alliance militaire « défensive ». Elle ne veut agresser aucun pays et ne l’a pas fait au cours de ses 70 ans d’existence, prétend-elle. Elle exerce le droit reconnu par les Nations-Unies de légitime défense en cas d’agression contre l’un de ses membres.


Il y a malheureusement eu une notable exception où l’alliance est intervenue militairement: elle a procédé à des bombardements aériens en ex-Yougoslavie au cours de leur guerre civile. Cette exception a fait frémir la Russie qui craint de nouvelles interventions « offensives » de leur part.


Mais résumons brièvement l’évolution de l’OTAN depuis l’époque de sa création. En 1950, elle était constituée de 11 pays. Le temps passa et contrairement à ce qu’avait prédit l'ex-dirigeant de l’URSS, Nikita Khrouchtchev, ce n’est pas l’occident qui s’effondra en 1991 sous ses contradictions, mais bien l’URSS. Ses pays satellites, éprouvant un grand appétit pour la liberté et la sécurité, profitèrent de cette occasion inespérée pour rejoindre l’OTAN.


Ce changement d’allégeance a fait grimper le nombre des pays membres de l’OTAN de 11 à 30. La plupart d’entre eux ont également rejoint la Communauté économique européenne (CEE). Et c’est ainsi que, rapidement, la nouvelle frontière de l’OTAN atteignit la Biélorussie et l’Ukraine, deux pays à la frontière de la Russie.


Voilà ce qui inquiète Vladimir Poutine. Ce dernier ne croit pas qu’une telle puissance militaire à ses frontières demeurera à jamais une organisation défensive. L’OTAN est tellement puissante que la Russie craint l’envahissement éventuel de son propre pays, malgré son arsenal nucléaire.


Aucune entente ne semble possible entre les deux groupes. On assiste actuellement à un véritable dialogue de sourds. Et la tension monte. Existe-t-il une solution diplomatique à cette situation explosive? Il est en tout cas certainement possible de régler quelques problèmes épineux.


D’abord, clarifions le cas de la Crimée. Cette péninsule de la mer Noire est rattachée à l’Ukraine, au nord, par voie de terre, mais ne l’est avec la Russie, à l’est, que par un pont. Au-delà de ce pont, l’élargissement de la mer est tel qu’on lui a donné un nom, « la mer d’Azov ».


La Crimée avait été conquise par la Russie quelques siècles plutôt et elle tient à la garder comme la prunelle de ses yeux, car, malgré le gigantisme du territoire Russe, ce pays n’a effectivement aucun autre accès à des eaux libres de glaces 12 mois par année.


Pourtant, lors de son passage au pouvoir en URSS au début des années 1960, Nikita Khrouchtchev avait transféré la Crimée de la Russie à l’Ukraine. Cela était sans doute plus commode du fait de son lien terrestre. Toutefois, ce dernier n’a pas écrit de condition implicite à ce transfert, car il n’a jamais imaginé que la fin de l'URSS puisse se produire. Aujourd’hui, il est bien certain qu’il aurait eu la prudence d’ajouter, comme condition impérative, l’annulation du transfert si l’Ukraine quittait l’URSS. Mais, il ne l’a pas fait. Et l’Ukraine, devenue pays indépendant depuis, a gardé la Crimée.


Vladimir Poutine, le président actuel de la Russie, décida de corriger cette « erreur » en reprenant manu militari ce territoire qu’il envahit en 2014. Il y eut quelques morts, comme en génère toute guerre, mais en petit nombre. Personne toutefois n’est venu au secours de l’Ukraine.


La communauté internationale protesta contre cette dénégation de la légalité moderne, mais elle ne le fit que sur papier. On leur envoya un peu d’argent et de matériel militaire, mais pas un seul soldat pour rétablir ce qu’ils estimaient tous, le droit international.


Pourquoi? Parce que le monde entier estime qu’en pratique la Crimée est un territoire russe. Sa population est à majorité russe et son histoire depuis quelques siècles est russe. Son passage de la Russie à l’Ukraine est considéré comme une maladresse de Nikita Khrouchtchev … maintenant corrigée à la mode Far West par Vladimir Poutine. Aussi, malgré les règles modernes, qui estiment qu’on ne peut défaire unilatéralement ce genre de transfert, aucun allié de l’Ukraine n’appuiera concrètement sa reconquête de la Crimée. L’OTAN ne se mêlera pas de ça. Et l’Ukraine n’est pas de taille à gagner une guerre contre la Russie.


Que faire? Dans ce monde où la diplomatie exige que l’on sauve la face, une solution simple serait que l’Ukraine vende la Crimée à l’URSS.


Pourquoi l’Ukraine la vendrait-elle? Parce que non seulement elle n’a pas le pouvoir de changer cet état de fait, et l’OTAN lui refusera son adhésion si ce contentieux frontalier avec la Russie existe toujours.


Pourquoi la Russie l’achèterait-elle? Parce que cela rétablirait la légalité de cette possession territoriale. Le pire des arrangements vaut mieux que la meilleure des guerres. Enfin elle éliminerait un contentieux non résolu aux yeux des Nations Unies.


À quel prix une pareille vente pourrait-elle se faire? Devant un désaccord probable, il existe depuis plus de cent ans un organisme d’arbitrage international, à La Haye aux Pays-Bas, spécialisé dans ce genre de dossier. Les deux parties pourraient leur donner le mandat d’estimer ce prix et s’engager à respecter la décision du tribunal.


Ce genre de transaction s'est produite à quelques reprises dans l'histoire moderne de l'humanité. Parmi celles-ci, mentionnons l'achat de la Louisiane de la France par les États-Unis en 1803, immense territoire qui se transforma, pendant le siècle suivant, en 13 États sur les 50 formant aujourd'hui ce pays. Les États-Unis ont également acquis l'Alaska de la Russie en 1867 au nord du Canada.


Passons maintenant au problème suivant : la prétendue rébellion dans les territoires de l’est de l’Ukraine contre leur gouvernement central.

Il est prévu dans la charte des Nations Unies que des territoires attachés à un pays peuvent se déclarer indépendants et demander d’être détachés de ce pays pour devenir libre.


Vladimir Poutine prétend que c’est le cas de territoires à l’est de l’Ukraine où vit une importante population de russophones. De son côté, l’Ukraine prétend que ces supposées rébellions ont été fomentées par la Russie pour justifier une attaque éventuelle contre leur pays.


Voilà un très beau cas qui pourrait être soumis au même tribunal d’arbitrage international mentionné ci-haut. Une telle proposition serait difficile à refuser de la part de la Russie. L’Ukraine, de son côté, trouverait peut-être cette pilule difficile à avaler, mais au moins, le cas serait examiné objectivement par un tribunal indépendant.


Il faut évidemment que les parties s’engagent, avant la sentence, à en accepter le verdict. L’OTAN, encore là, pourrait en faire une condition pour étudier la demande d’adhésion de l’Ukraine. La Russie hésiterait peut-être à s’y soumettre, mais la pression des Nations Unies suffirait vraisemblablement à leur forcer la main.


Enfin 3e et dernier problème : l’appartenance éventuelle de l’Ukraine à l’OTAN.


La Russie s’y oppose pour des raisons inacceptables à l’Ouest. La Russie, lors de la chute de l’URSS, aurait pu devenir une démocratie libérale comme les autres pays du pacte de Varsovie et la question ne se poserait pas. La Russie aurait alors elle-même pu devenir membre de l’OTAN.


Si cela ne s’est pas produit, tous les torts ne sont pas imputables à Vladimir Poutine. Après la chute de l’URSS, la Russie semblait bien être tombée aux mains d’une élite corrompue qui se partageait les dépouilles de l’empire et de profiteurs des pays de l’ouest, ce qui inclut de puissants Américains qui n’étaient pas en reste pour se servir sans scrupules. C’est à cela que cet autocrate prétend s’être attaqué en exerçant un pouvoir strict pour les réprimer. Mais ce pouvoir strict porte le nom de « dictature ».


Cela n'empêche pas d’envisager un compromis qui sauverait la face des deux parties. Sans céder sur la demande russe d’empêcher l’Ukraine d’intégrer l’OTAN à jamais, il serait vraisemblablement possible de retarder l’acceptation de cette demande pour apaiser le jeu.


Certaines conditions s’imposeraient toutefois : la Russie devrait s’engager à désarmer la frontière ukrainienne et à ne pas attaquer son territoire. L’OTAN, de son côté, devrait aussi s’engager à ne pas attaquer la Russie, condition qu’elle devrait accepter sans problème puisque ce n’est clairement pas son intention. Et tout cela ramènerait la tension à un niveau supportable.


Évidemment ces propositions laissent en plan l’importante question des droits de l’homme en Russie. Il s’agit d’une situation regrettable, sérieuse, inacceptable. Mais pour l’instant, il ne semble pas y avoir d’évolution positive possible à court terme pour éliminer cet autocrate et tous ses comparses du pouvoir politique.


Toutefois ces solutions se heurteront à un Vladimir Poutine pour qui seul un rapport de forces militaires défavorables l’amènerait à renoncer à son véritablement but : ramener l’Ukraine du côté des pays autocrates.


L’établissement d’une démocratie libérale aux frontières russes inquiète ce dictateur à vie. Il fera tout pour déstabiliser le gouvernement démocratique d'Ukraine, y compris envahir ce pays s’il peut le faire sans grave conséquence, comme il l’a fait pour la Crimée.


Les solutions diplomatiques, aussi raisonnables soient-elles, ne suffiront probablement pas à empêcher un passage irresponsable par la violence guerrière, malgré les risques de dérapage qu’elle comporte.





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2 comentarios


lelab44
lelab44
21 feb 2022

Heureux que vous vous occupiez de ça !🙂


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robertdutil
robertdutil
23 feb 2022
Contestando a

Je n’ai malheureusement aucune influence 😥

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